Ecologie & Société

L’affichage environnemental évolue

Introduction

C'est en faisant ses courses que l'on change le monde, paraît-il. Car l'impact de notre mode de vie sur l'environnement passe en grande partie par nos choix de consommation. Cet impact varie en effet beaucoup selon le mode de production des objets, leur origine et leur dégradation en fin de vie. C'est donc pour que les choix de consommation soient fait en toute connaissance de cause et pour les inciter à être plus responsables, que l'expérience d'affichage environnemental a été lancée par le ministère de l'écologie le 1er juillet, avec 168 entreprises sélectionnées parmi les 230 volontaires.

Nous assistions précédemment à la première rencontre Beesday dans les locaux de Bio Intelligence Service à Paris ; les différents acteurs de l'initiative étaient réunis pour discuter des tenants et aboutissants de l'affichage environnemental, élaboré dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Cette "rencontre des relais du changement" était organisée par deux blogueurs, Pierre-Yves Sanchis (eenovation) et Lucie Gaudens (com-nonprofit). Etaient représentés : le ministère de l’écologie,  France Télécom Orange, qui participe à l’étiquetage environnemental, le WWF, partenaire de l’opération, deux entreprises spécialisées dans l’information environnementale, Hop-Cube et Ecocompare, ainsi que de nombreux blogueurs.

Dans ce dossier consacré à l’affichage environnemental, nous allons d’abord vous présenter cette expérimentation, puis nous attarder un peu sur le rôle des différents éco-informateurs que sont Hop-Cube, Ecocompare ainsi que les blogueurs de la consommation durable. Tous existaient avant cette initiative, ils y participent chacun à leur façon et vont même au-delà.


1. Au commencement, le ministère de l'écologie

La demande d'information en matière d'impact environnemental des produits de consommation est de plus en plus importante. C'est pour répondre à cette demande, dans le cadre du Grenelle II de l'environnement, que le ministère de l'écologie a entamé la phase test de l'affichage environnemental, qui sera multi-critères, ou ne sera pas. Une grande première en France et en Europe, où l'affichage environnemental, lorsqu'il existait, ne prenait en compte que certains critères, comme le très fameux indice CO2, la dépense énergétique, ou encore les composés organiques volatiles. Au risque de ne pas tenir compte d'autres pollutions, et de faire passer pour écologique un produit qui ne l'est pas.

Avec ce test, au contraire, l'affichage est multiple, et ce à tous points de vue : multi-produit, multi-critère et multi-support. Cela signifie que le panel de produits concernés est vaste (alimentation, textile/habillement, équipement de la maison, hygiène/beauté, etc.), que l'étiquette environnementale affiche plusieurs indications (CO2, impact sur l'eau, l'air et la biodiversité), et que le support d'affichage pourra varier selon la volonté de l'entreprise.

Dans un premier temps, le mode d'affichage n'est en effet pas fixé. Il peut donc se faire sur Internet (fixe et mobile), ou en magasin, sur le produit ou sur le ticket de caisse. Les entreprises sont également libres de choisir la présentation des données (valeurs brutes, note, classement par lettre, graduation par échelle, code couleurs, etc.).

Le consommateur minutieux risque donc de passer un peu plus de temps à faire ses courses, et celui qui ne l'est pas risque sans doute de s'y perdre ; car selon la façon dont les données sont tournées, l'impression n'est pas forcément la même, et l'on est en droit d'imaginer que les entreprises choisiront forcément le mode d'affichage qui les met le plus en valeur. Que le consommateur avisé n'endorme donc pas sa vigilance, sans perdre de vue, cependant, qu'il ne s'agit là que d'une expérimentation. c'est ce que rappelle Nadia Boeglin, conseillère au ministère du développement durable présente à la rencontre Beesday : « on a le droit d’essayer, de se tromper, d’évaluer… Si on ne le fait pas une fois, on ne va jamais l’améliorer ». Au bout d'un an de test, un rapport dévaluation du gouvernement sera proposé au Parlement, afin d'évaluer, selon les résultats, quelles sont les méthodes qui fonctionnent le mieux, et d'établir un affichage environnemental de façon définitive, qui sera alors le même pour tout le monde.

+ d'info : ministère de l'écologie, liste des 168 entreprises


2. Hop-Cube, un lien entre fabricants et consommateurs

Des entreprises spécialisées dans l'information environnementale travaillent à faire le lien entre les fabricants des produits et les consommateurs. C'est le travail de Hop-Cube, qui a développé des outils pour rendre l'information environnementale la plus limpide possible pour les consommateurs et leur donner les moyens de faire des choix de consommation responsables. En somme, Hop-Cube agrège des informations jusqu'ici éparpillées et opaques, les rend accessible à tous et fait le lien entre fournisseurs, fabricants, ONG, labels, consommateurs et distributeurs.

L'entreprise participe à l'expérience de l'affichage environnemental sur les produits Gros-Electroménager et High-Tech en partenariat avec les sites marchands 3Suisses.fr et Discounteo.com. Elle a développé des méthodes très pointues de collecte des données, qui sont ensuite filtrées par un algorithme de détection d'erreurs, et combinées entre elles pour calculer des indicateurs synthétiques compréhensibles par tout le monde.

Les services d'information fournis aux entreprises par Hop-Cube se déclinent sous trois formes : le HopBadge, ou l'étiquette environnementale figurant sur le produit visé, en magasin (physique ou en ligne) ; le HopSimu, qui permet une personnalisation de l'impact environnemental selon chaque consommateur ; et le HopMedia, un outil de centralisation et de communication des données environnementales.

Pour les informations destinées aux consommateurs, Hop-Cube a développé un site nommé Hopscore. Si le service se limite à l’électro-ménager et à l’high-tech, il a l’avantage d’être exhaustif dans son domaine : il permet en effet de comparer les données environnementales de tous les produits du marché d’une même gamme.

+ d'infos : Hop-Cube, Hop-Score


3. Ecocompare, l'éco-comparateur 2.0

Dans le même ordre d'idée, mais avec des méthodes différentes, le site Ecocompare connaît un fort succès dans tout ce qui relève de l'affichage environnemental. Conçu en 2009 pour en finir avec le greenwashing très en vogue chez bien des fabricants et distributeurs, Ecocompare a pour objectif de distinguer les produits vraiment respectueux de l'environnement de ceux qui se font passer pour tels.

Pour cela, Ecocompare a développé une méthodologie de collecte et de tri des données (consultable sur le site) qui a été approuvée par l'Ademe , et a mis en place un système de notation des produits les plus vertueux. Les fabricants peuvent ainsi obtenir une reconnaissance fiable de leur engagement environnemental, notamment grâce au référencement sur le site et à l'obtention du sigle Ecocompare. Cela permet également aux distributeurs d'exprimer leur volonté de progresser dans une démarche de développement durable.

Les critères comparatifs de la notation Ecocompare sont multiples : fabrication, utilisation, fin de vie, origine, labels, tout y passe ! Les produits qui obtiennent le meilleur score sont mis en valeur sur le site et obtiennent le droit d'afficher fièrement le logo "sélection ecocompare".

Mais c'est surtout par rapport aux consommateurs qu'Ecocompare se distingue d'autres sites comparatifs, car il a réussi à les impliquer dans le processus de recherche d'informations et de notations environnementales, en partant du principe que c'est la demande qui doit créer l'offre, et non le contraire. Ainsi, ils sont invités à devenir des eco-acteurs, grâce à une application iPhone qui leur permet de scanner les codes barres des produits écologiques qu'ils considèrent comme dignes d'être référencés sur le site. Mais ils peuvent aussi scanner des produits dont ils souhaitent voir l'étiquette environnementale apparaître. Chaque mois, Ecocompare entreprend des démarches auprès des produits les plus demandés, afin qu'ils améliorent leur démarche environnementale et la rendent plus transparente. Et en prime, les deux eco-acteurs les plus assidus remportent des bons d'achats.

Nul doute que le potentiel de ce système est immense, car il est complètement en phase avec les nouveaux médias, et permet aux consommateurs d'influencer les producteurs, ce qui ne fait de mal à personne. Il pourrait avoir un impact très fort sur l'évolution des pratiques de production et de consommation.

+ d'infos : Ecocompare


4. Les blogueurs, porte-parole des consommateurs

Les blogueurs sont comme des baromètres de l'opinion publique, et sont très actifs en matière de relais d'informations. Leur avis pèse de plus en plus dans les choix de consommation, et les fabricants et distributeurs de biens commerciaux savent qu'ils auraient tort de ne pas tenir compte de la blogosphère, qui représente, en quelque sorte, l'intérêt des citoyens et/ou des consommateurs. Leurs retours d'expérience et leurs témoignages sont une véritable mine d'information.

Quelques-uns des innombrables blogueurs qui écrivent sur le développement et la consommation durable étaient présents à la rencontre Beesday ; parmi eux, les développeurs de Greenit, Generation EcoGreen, Consom'action & Eco-l'eau-gique, Grassroots Communication et Nouveau consommateur. La rencontre était elle-même organisée par deux blogueurs, mentionnés plus haut, tous deux désireux d'entamer des débats constructifs en toute convivialité, et de faire connaître des initiatives engagées sur le plan social ou environnemental.

Pour suivre l'actualité de l'expérimentation, vous pouvez consulter le journal d'information spécialement développé par Hop-Cube, et les documents publiés par l'Afnor et l'Ademe à ce sujet. Les premiers retours d'expérience ne sauraient trop tarder.

+ d'infos :  Afnor, Ademe, Journal de l'affichage environnemental

photo : My name's axel, Flickr

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