Ecologie & Société

Méthanisation : et la lumière fut

Dans le centre-Est de l'Angleterre, quelque part entre Birmingham et Gloucester, la ville de Worcester (comme la sauce qui accompagne nos steaks tartare, oui). Et dans les environs de cette riante cité britannique, le site naturel de Malvern Hills : un espace naturel remarquable, consacré pour la beauté de ses paysages par les pouvoirs publics dans les années 50 qui ont fait de ces collines un site protégé.

Seulement voilà, toutes les distinctions du monde ne suffisent pas à protéger contre les incivilités du quotidien. Et ce n'est pas Brian Harper, citoyen riverain de Malvern Hills qui dira le contraire, lui qui, des années durant, a constaté que des centaines de sacs plastique renfermant des crottes de chien étaient abandonnés le long des chemins. Arrêtons-nous tout de même quelques secondes pour essayer de comprendre ce qui passe par la tête d'un propriétaire de chien qui fait l'effort très citoyen de ramasser les déjections canines, pour ensuite les balancer sans même chercher à les mettre à la poubelle… Bref, Monsieur Harper s'est dit qu'il y avait sans doute là quelque chose à faire.

Lui reviennent alors les souvenirs d'une exposition vue à Boston quelques années auparavant, dans laquelle un artiste avait imaginé un lampadaire alimenté par les déjections de nos amies les bêtes : pourquoi alors ne pas s'en inspirer pour la transformer en un véritable équipement de voierie ? Comme tous les déchets organiques, les crottes de chien se décomposent et, durant le processus, émettent du méthane, un gaz que l'on peut brûler pour obtenir chaleur et lumière. Et cela tombe bien : notre Monsieur Harper fait partie d'une association qui, depuis des années, cherche à préserver le patrimoine local en sauvegardant les vieux lampadaires à gaz qui parsèment Malvern Hills. L'idée est donc toute trouvée, il équipera un lampadaire à gaz d'un digesteur capable de dégrader les déjections canines pour en extraire du gaz qui servira à éclairer le site naturel de Malvern Hills.

Après deux ans de développement et de tests divers, le réverbère rêvé est enfin installé : quelques sacs déposés directement dans le digesteur par les promeneurs lui permettent de briller deux heures durant. Quant aux restes de la méthanisation, ils peuvent être utilisés comme compost. Ultime avantage : le dispositif est garanti 100% inodore. Imaginez un peu de tels dispositifs dans les grandes villes…

A Paris, où on estime que 20 tonnes de cette "matière première" peu ragoutante sont déversées chaque année sur les trottoirs, la Ville Lumière n'aurait jamais aussi bien porté son nom…

Photo : MikaelF/Flickr/CC

Economie d’énergie : une batterie dans mon radiateur

Article précédent

Du tissu à partir de… crottes de panda

Article suivant

Tu pourrais aussi aimer

commentaires

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *