Arroser Pékin pour dépolluer l’air ?

Si certaines villes de France connaissent parfois des pics de pollution, ils ne sont toutefois en rien comparables à ceux que rencontre la Chine depuis quelques années. Entre les millions de voitures qui circulent dans ses mégalopoles (et on pense ici à Shangai et Pékin) et les centrales à charbon qui tournent à plein régime pour fournir de l'énergie à tout ce petit monde, l'air y est complètement vicié. Il y a deux semaines par exemple, la densité des micro-particules de 2,5 microns de diamètre (les PM2,5), considérées comme les plus dangereuses pour la santé, a atteint un niveau 27 fois supérieur à la limite établie par l'Organisation Mondiale de la Santé. 27 fois.

Quelles peuvent être les solutions à un tel désastre et une telle menace ? Un professeur d'université, Yu Shaocai, avance sa théorie. Pour lui, équiper les grattes-ciel des métropoles de systèmes d'arrosage géants serait une solution crédible. En allumant ce système pendant un épisode de pollution extrême, les gouttes d'eau, dans leur trajet pour rejoindre le sol quelques dizaines ou centaines de mètres plus bas, capteraient les PM2,5 et permettraient de rendre l'air plus respirable assez rapidement.

De sérieux problèmes se posent cependant. D'abord, le coût d'une telle installation pour des villes très étendues où vivent plus de 10 millions d'habitants. Ensuite, les problèmes d'approvisionnement en eau, pour un système très gourmand. Le Dr Chan Chak-keung, professeur à l'université des sciences de Hong-Kong, avance ainsi l'idée d'un système identique, mais concentré sur les grands axes routiers. Puis, la nécessaire récupération et le traitement de ces eaux "salies" par la pollution ambiante. Et enfin, que fait-on du reste de l'air pollué ? Toutes ces particules qui se baladent au-dessus des grattes-ciels, des immeubles, et de tout cet éventuel futur équipement ? Rien de prévu pour l'instant…

Cette idée de Yu Shaocai, à défaut de trouver une vraie solution au problème, permettrait au moins aux habitants de respirer plus facilement. Le vrai tour de force, ce serait que les autorités abandonnent le charbon certes bon marché mais à l'impact environnemental énorme, pour se tourner vers les énergies renouvelables.

Même si nous ne miserions pas un centime sur un coup de théâtre de ce genre…